

Paris 21 juillet 2020 : Rassemblement de soutien à Antony Smith
Intervention d’Ana Azaria, présidente de l’Organisation de Femmes Egalité
Nous sommes là pour apporter notre soutien appuyé à Antony Smith, inspecteur du travail, sanctionné pour avoir interpellé et entamé une procédure en référé à l’encontre d’une association d’aide à domicile auprès de personnes âgées.
Sa « faute » : avoir exigé des protections, masques et blouses, pour les 300 salariées intervenant à domicile auprès de personnes vulnérables, fragilisées pas l’âge et la maladie.
Notre Organisation Femmes Egalité défend en priorité les intérêts et aspirations des femmes des milieux populaires : les travailleuses, les femmes de quartier. Parmi elles, les travailleuses de l’aide à domicile sont très nombreuses et dans notre organisation elles le sont aussi.
Elles assurent des prestations pour les personnes âgées, handicapées ou atteintes de pathologies lourdes, personnes qui ont été particulièrement concernées par les mesures d’isolement, ne pouvant pas recevoir de visites de leurs familles et ami.e.s ; nous pouvons imaginer ce que représentait le passage de l’aide à domicile !
Elles se sont retrouvées en première ligne, face à la pandémie, généralement sans protection (masques, gel, surblouses), alors qu’elles sont en contact direct avec les usagers et dans l’impossibilité de garder une distance de sécurité : comment se tenir à une distance d’un mètre pour les toilettes des personnes âgées, pour les aider à manger, à se lever ou se coucher, pour leurs déplacements dans la maison. C’est impossible !
Antony Smith a eu mille fois raison de les protéger et ainsi de protéger aussi les personnes aidées.
Elles avaient et elles ont toujours besoin de protection car l’épidémie n’est pas finie, le Covid-19 circule toujours !
Depuis des années, les politiques de démantèlement du système de santé ont développé l’aide et le maintien à domicile des personnes âgées et handicapées.
Les aides à domicile font partie de celles et ceux qui sont les rouages invisibles mais essentiels de la vie du pays, de notre vie, de la vie de nos aînés ; elles sont quasi exclusivement des femmes !
Elles assument une mission d’utilité sociale d’une importance vitale, mais elles sont des éternelles oubliées, manquant de reconnaissance sociale et salariale. Maintenant un pas supplémentaire dans le mépris est franchi avec la sanction d’Antony Smith : celles et ceux qui se battent pour les protéger sont punis, réprimés.
Le gouvernement envoie là un message : des femmes exploitées, mal payées, avec des contrats précaires… ne doivent pas être protégées par l’inspection du travail. C’est intolérable !
Nous ne voulons pas d’inspecteurs du travail sanctionnés parce qu’ils accomplissent bien leur mission, ce que nous exigeons c’est que le nombre d’inspecteurs du travail augmente pour que la santé des travailleuses soit bien protégée.
La crise sanitaire aura eu le mérite de faire apparaître au grand jour ces travailleuses invisibles ; elles ont été connues et reconnues par tous, y compris par le gouvernement ! Nous disons que le temps est venu de faire payer les éloges, de faire payer les mercis avec une augmentation de salaires pour les « premières de corvées ».
Avec une reconnaissance des compétences et des pénibilités, avec une réelle protection de leur santé.
Ces travailleuses sont devenues visibles et nous ne permettrons pas qu’elles retournent dans l’oubli !